Rémi Dall'Aglio: des objets qui veulent briser les murs
Dall'Aglio ne peint ni ne sculpte, mais il est plus peintre et sculpteur que beaucoup d'autres en décrispant ces deux disciplines artistiques
Il ne peint ni ne sculpte, Rémi DalI'Aglio, mais se sert de formes découpées dans des toiles peintes et d'objets très simples, bouts de tuyaux souples ou cornières métalliques rigides, pour former ce qu'il faut bien appeler des reliefs muraux. Paradoxalement, les morceaux de toiles, les surfaces, sont structurées de lignes, ou taillées selon des figures géométriques vues en perspective, comme pour leur donner du volume. Tandis que les pièces oui ont du corps ne sont utilisées que pour tirer des traits, tracer un dessin.
Dall'Aglio en fait, même s'il ne badigeonne et ne pétrit rien, est plus peintre et sculpteur que beaucoup d'autres, mais comme par défaut. Par recours aux contraires, parce qu'il faut bien tenter de briser les catégories, parce qu'il est nécessaire de décrisper la peinture afin qu'elle ne s'étiole pas quand on la pousse vers une réflexion sur elle-même ou ne se galvaude dans des exercices opposés, du genre trompe-l'œil.
Plutôt que de cheminer dans des voies sans issue, Rémi Dall'Aglio s'appuie sur l'interchangeabilité des éléments, sur l'influence réciproque que peuvent entretenir certaines formes confrontées les unes aux autres, sur la manière dont sont relancées les associations. Le problème des articulations, la dynamique de la figure tiennent alors des rôles primordiaux. D'où aussi la prépondérance des pleins, des vides et des déliés dans l'élaboration des configurations.
Une flexibilité qui se retrouve dans leur inscription dans l'espace, dans leur mise en situation. Les parties d'une même figure, suivant le lieu, se déploient autrement, sans pour autant que leur organisation change de nature et d'esprit. C'est cette malléabilité, cette réversibilité qui est intéressante dans ses œuvres car elles ont tôt fait de contaminer tout l'environnement et par conséquent aussi d'influer sur la réflexion, suggérant de la souplesse pour tout raisonnement.
Philippe Mathonnet