Dans l'atelier de Rémi Dall'Aglio, à côté du plâtre, du graphite, des pigments et des liants il y a des machines modestes ou sophistiquées, obsolètes ou up to date, en état de marche ou «hs», et que l'artiste moule, retourne, démonte, recouvre, assemble et — lorsqu'elles en sont encore capables — pour lesquelles il invente des modes opératoires inédits. Il en résulte une définition de l'atelier comme un laboratoire dans lequel ne cessent de se croiser, de s'hybrider, de s'interroger, des disciplines et des pratiques que la spécialisation a depuis longtemps séparées. Artiste, Rémi Dall'Aglio ne renonce donc pas à être aussi physicien, soit un physicien-artiste qui peut rêver sur la forme que prend l'onde de propagation d'un son, et qui s'inspire, dans ses dessins, du balayage des électrons dans un tube cathodique.
Une forme de révolte douce: telle est la ligne esthétique et éthique privilégiée par Rémi Dall'Aglio pour répondre à l'envahissement de la technique. Elle s'illustre dans une oeuvre comme Portable pour laquelle l'artiste procède à l'agencement chimérique de moulages d'objets parfaitement reconnaissables. La visée critique de cet assemblage distille un humour d'autant plus efficace qu'il sait se déprendre de toute espèce d'illusionnisme, sans pour autant que soit
reniée la visée esthétique qui est au coeur de l'expérimentation artistique.
F-Y Morin
Copyright Rémi Dall'Aglio 2016